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jeudi 7 octobre 2010

Filmiscopie : Veer-Zaara (2004) - 1/2


Pour mieux comprendre l'état d'esprit de Veer-Zaara, il faut connaître un peu la vie du réalisateur, Yash Chopra. Né à Lahore en 1932, dans l'Etat du Penjab encore uni, il a dû connaître les souffrances de la partition de 1947, qui a divisé le Penjab entre l'Inde et le Pakistan.

Aujourd'hui sa ville natale est au Pakistan, mais lui vit à Bombay, peut-être avec l'espoir de voir une réconciliation entre les deux pays. Sa vision du Penjab, heureux et coloré (voir la chanson Aisa Des Hai Mera), est sans doute le reflet de sa nostalgie.

Veer-Zaara est un film qui prône, parfois naïvement, et avec beaucoup de bons sentiments, la fraternité et l'ouverture d'esprit. Qui pourrait en vouloir à "Uncle" Yash qui livre ici un film d'amour multirécompensé, remarquablement filmé et interprété ?

Ecoutez bien les chansons à l'endroit où elles arrivent, elles collent au scénario !

Le film commence par un monologue en voix off, dit par la voix grave de Yash Chopra, puis le générique défile sur la chanson qui suit :

Chanson Kyun Hawa interprétée par Lata et Sonu

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De nos jours, à Lahore (Etat du Penjab), au Pakistan
Une jeune avocate pakistanaise, Saamiya Sidiqqui, qui va plaider pour la première fois, se recueille sur la tombe de son père, qui était lui-même avocat et défenseur des droits de l'homme.


Tout à l'heure, elle va rencontrer son "client" dans sa prison ; il s'agit d'un Indien, dont on vient de rouvrir le dossier, et qui est déjà enfermé au Pakistan depuis vingt-deux ans, sous le numéro 786 (chiffre sacré dans l'Islam).
Le gardien l'avertit que le 786 a toujours refusé de parler et qu'il serait étonné d'une femme réussisse dans cette tâche. Une fois dans la cellule, Saamiya voit le 786 prostré ; il est mal rasé, ses cheveux sont longs, il baisse la tête en fixant un bracelet qu'il tient à la main.


– Bonjour, je m'appelle Saamiya Siddiqui..., et vous, quel est votre nom ? Pas de réponse. Vous êtes ici depuis vingt-deux ans, sans parler, sans défenseur, et aujourd'hui, je suis venue vous aider, je suis votre avocate...
N'avez-vous rien à me dire, Veer Pratap Singh ? Tous les hommes ici veulent que je perde votre procès pour que les femmes ne puissent pas travailler dans la justice... Parlez-moi, s'il vous plaît, Veer Pratap Singh.
Le prisonnier reste muet, mais relève la tête au bruit d'un avion qui passe et qui lui rappelle ses missions de sauvetage héliporté pour l'Indian Air Force. Il commence à raconter...

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– Sauver des gens, j'aimais ça, c'était ma vie. C'est l'héritage de mon père, qui est mort pour son pays. Et un jour, il y a 22 ans, je ne savais pas qu'une Pakistanaise allait changer ma vie à jamais...

Chanson Hum To Bhai Jaise Hain interprétée par Lata

– Un bus avait dévalé une pente, mais personne n'était blessé. Je remontais la dernière passagère, une jolie jeune fille qui s'accrochait à moi, avec ses cheveux qui lui balayent le visage.


– Elle avait peur, elle se cramponnait à moi, et soudain, à mi-hauteur de la remontée, son sac est tombé et elle est devenue hystérique : "Mon sac ! Mon sac ! Il me faut mon sac ! Il est spécial !" J'ai fait signe au pilote de l'hélico de nous redescendre pour qu'elle retrouve son bien. Mais plus tard, je lui ai durement fait la leçon pour son attitude irresponsable...
Le soir même, elle est venue tranquillement me donner une explication : son sac renferme les cendres de sa nourrice sikhe indienne, Bebe, qui avait vécu toute sa vie dans sa famille à Lahore ; sur son lit de mort, elle lui avait promis de répandre ses cendres en Inde à Kiritpur, un lieu sacré des sikhs. J'ai été surpris : une Pakistanaise qui emporte les cendres de sa nourrice indienne en Inde...


– Le lendemain, c'était mon premier jour de permission pour la fête de Lodi, et j'avais embarqué dans le bus pour aller voir mes parents au village. Soudain, je l'ai revue près du bus voisin, essayant de se frayer un passage vers un siège inexistant. Elle était vraiment inconsciente, ou peut-être intrépide ?


– Elle a fini assise sur le toit du bus, et je suis allé la rejoindre pour m'assurer qu'elle atteindrait son but saine et sauve, cette sacrée Pakistanaise. En discutant, je lui ai donné mon nom, et elle, le sien : Zaara Hayaat Khan. Sur le chemin de Kiritpur, je lui ai fait découvrir mon Penjab... son Penjab.


Chanson Aisa Des Hai Mera (Ce pays est le mien) interprétée par Lata, Udit, Gurdas Maan

– A Kiritpur, je l'ai aidée dans son obstination à vouloir faire effectuer les derniers rites pour Bebe, et elle a voulu que nous versions ensemble ses cendres dans la rivière.


– Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'avais l'impression que notre rencontre devait durer plus longtemps, et les mots sont sortis de ma bouche : je lui ai demandé une journée de sa vie pour lui laisser des souvenirs comme elle m'en avait déjà offerts.
Elle a accepté, et je l'ai emmenée dans mon village, chez mes parents... ou plutôt mon oncle et ma tante, qui m'ont élevés. Ce sont eux qui avaient créé et agrandi le village pendant des années, avec leurs mains et leur cœur.

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– En me voyant arriver avec une fille dans le village, la rumeur a vite couru que j'étais marié ! J'ai dû expliquer à Maati et Bauji, qui me regardaient d'un œil méfiant, que je ne me marierai jamais sans leur bénédiction, que Zaara était simplement notre invitée, et qu'il fallait la traiter comme telle.


– Bauji a tout de suite été séduit et le fait qu'elle explique qu'elle était pakistanaise n'y a rien changé, au contraire ! Maati a aidé Zaara à se faire belle pour la fête de Lodi ; le soir, elle ressemblait vraiment à une fille de chez nous. Pour une fois, Maati et Bauji ont arrêté de se quereller...

Chanson de Lodi interprétée par Lata, Udit, Gurdas Maan

– Plus tard, devant tout le village, Bauji a annoncé l'ouverture d'une école pour les filles afin qu'elles n'aient plus à faire des kilomètres pour s'instruire. C'est Zaara qui a posé la première pierre, car c'est elle qui lui avait donné l'idée de cette école.

Le lendemain, Bauji m'a fait comprendre que cette jeune Pakistanaise serait une bonne épouse pour moi, que je pourrais lui faire confiance ; alors, j'ai commencé à me poser des questions sur mes sentiments... Oui, je crois que je l'aimais, et il fallait que je le lui dise vite, en chemin pour la gare d'Atari où je devais la raccompagner.


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A la gare d'Atari, je n'ai pas compris quand j'ai vu son visage se rembrunir ; un homme en noir s'est approché de nous. Elle me l'a présenté avec désinvolture : c'était son fiancé, Raza, dont elle ne m'avait jamais parlé. J'étais effondré, mais je ne l'ai pas montré devant lui.


– Quand il s'est éloigné, j'ai parlé une dernière fois à celle qui allait m'échapper, pour qu'elle sache qu'elle aurait toujours un ami de l'autre côté de la frontière, mais que je n'étais plus rien pour elle, puisqu'elle allait appartenir à un autre. En un instant, Dieu avait changé le cours de notre histoire. Et j'avais gardé son bracelet de cheville, perdu en chemin...

Chanson Do Pal interprétée par Lata et Udit

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– Le temps est passé, vous devez quitter la cellule maintenant, fit brusquement le gardien. Revenez un autre jour.
Saamiya m'a quitté, les larmes au bord des yeux : "Je reviens demain..."




Seconde partie de Veer-Zaar la semaine prochaine


Si vous désirez connaître la traduction (en anglais) des chansons de Veer-Zaara, faites un petit saut chez Bollywhatoù vous trouverez aussi la traduction du texte que l'on entend au tout début du film, dit par Yash Chopra, le réalisateur.

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